top of page
Photo du rédacteurMarion Massot

Mon leitmotiv de designer : la culture punk

Dernière mise à jour : 3 févr. 2019


Extrait remanié issu de mon projet professionnel de master 2.


 

Peu de mouvements musicaux changèrent autant la face du rock que le punk” — François Cornut-Gentille, Gouvernez !


Jambes portant un jean déchiré, avec une calavera tatouée à moitié visible sur la cuisse droite, chemise à carreaux rouge nouée sur la taille, fond boisé et grille flou . Source : https://bit.ly/2uibCDK


Point historique


Durant les années 60–70, la jeunesse est issue de la classe ouvrière, au quotidien, particulièrement ennuyeux et à l’avenir désespérément bouché. Elle ne cache plus sa haine des institutions et des conventions, face à un pays effrité, englué dans une économie en catastrophe.


Année 1975 : crise pétrolière, “mini-holocaustes dédiés au progrès, avec pour avenir les manipulations génétiques et la victoire du rat sur l’homme” (M. Pigasse, Éloge de l’anormalité). Ce climat politico-économique fait naître un nouveau style de rock sur les ondes. Le phénomène est parti des USA et de la Grande-Bretagne avant de toucher, un an plus tard, la France. Le terme punk est employé pour la première fois par Peter Townshend, guitariste-parolier du groupe Who, dans la chanson The Punk and the Godfather.


Photo en noir et blanc de Peter Townshend, avec une guitare électrique en main, sautant sur scène - Source : https://bit.ly/2zqjUza

Portant en eux la même volonté d’en finir avec une époque hostile et désespérante, “débarquant dans le petit monde rangé d’une société qui s’enterre lentement mais sûrement dans ses déchets (…) les punks ont, dès le début, joué la carte de l’ambiguïté, cherchant à défier l’analyse, cultivant l’incohérence pour échapper, si possible, à tout calibrage par trop réducteur”. Le mouvement punk dénonce le malheur sécrété par les sociétés qui se suivent et ne se ressemblent que par leurs échecs.


Les trois credo du mouvement punk : penser et agir autrement


1. “No futur… for you” — Donner du sens


« No futur…for you » chantait les Sex Pistols dans leur célèbre chanson God save the queen. Formule défaitiste, maudissant le passé et emportant l’avenir, ils nous obligeaient à constater que, dans une société bloquée, il n’y avait d’avenir pour personne. Coincé par l’ordre bourgeois, avec un sens des valeurs et de principes imposés par les bien-pensants, car il existerait une bonne pensée et une mauvaise pensée, afin que rien ne change jamais car le changement effraie. D’autre part, le système marchand domine au point de donner à la société un côté spectaculaire et devient l’antre de la consommation : son seul objet est de divertir les individus au sens premier du terme, les détourner de la tristesse de leur condition.



Graffiti de Banksy avec le texte NO FUTURE écrit en rouge, le O étant un ballon de baudruche tenu par un enfant, assis, au visage grimaçant— Source : https://bit.ly/2NErOba

Face à cette situation, plusieurs attitudes sont possibles :

  • Renoncer et subir : c’est à dire, attendre un événement qui ne viendra jamais et l’accepter, tout en adoptant la politique de l’autruche sur le caractère absurde des choses.

  • Abandonner et se retirer du jeu : on pratique le nihilisme de Nietzsche en considérant que “le monde tel qu’il est ne devrait pas être et le monde tel qu’il devrait être n’existe pas”. Or, cette pensée est un suicide social conduisant à la destruction et à l’autodestruction.

  • À l’inverse de toutes celles précédentes, celle de l’engagement qui consiste à refuser ce qui est et à se battre pour le changer.


Mais dès lors, que ce No futur est affirmé, la prise de conscience permet d’inventer d’autres possibles. “C’est dire non pour dire oui” (C. Lorentz, A. Gibbs, Destroy ! L’histoire définitive du punk, 2007): la négation est positive et devient une invitation à la vie. Au diable la fatalité ! afin de donner du sens et de s’engager pour changer le cours des événements.

« Nous savions qu’il existait un futur, à condition d’être prêt à y travailler nous-mêmes », Penny Rimbaud, le chanteur du groupe Crass.

2. “Do It Yourself”— Agis par toi-même


Principe qui s’applique à tous les domaines de la vie en général, il signifie que tout est possible, et que l’on peut tout faire soi-même et par soi- même.

“No fear no limits no excuses”, slogan punk

Les excuses naissent de la peur. En éliminant la peur, il n’y a plus d’excuses. Cet axiome pousse à “l’action immédiate, à l’émancipation et à l’autodétermination” (M. Pigasse, Éloge de l’anormalité).


Extrait du fanzine Sideburns, datant de 1976, présentant 3 accords de guitares avec les inscriptions “This is a chord” (ceci est un accord), “This is another” (celui-ci en est un autre), “This is a third” (voici un un troisième), “Now form a band” (maintenant forme un groupe)— Source : https://bit.ly/2KXwHh8

Cette image est une invitation à l’action, sans aucunes excuses : sans connaissances, ni bases, ni techniques particulières, on peut faire quelque chose. Tout le monde peut jouer, tout le monde peut agir, à condition de le vouloir. C’est ce qu’on mit en place les Sex Pistols, les Clash et tant d’autres : ils ne savaient pas jouer de la musique et pourtant, leur action a participé à changer le monde.


En prenant conscience de sa capacité à agir, on est capable de provoquer le changement et de choisir l’énergie de la liberté pour « vivre ses rêves et rêver sa vie » (E. Morin).

Le but est de démystifier ces impostures qui reposent sur des acquis, et un mode particulier. “Derrière un jargon incompréhensible se cachent des choses simples et souvent contestables, qu’il suffit d’apprendre à maîtriser, ce que chacun peut faire, pour décoder et donner aux choses leur vraie valeur” (M. Pigasse, Éloge de l’anormalité). Il ne faut pas hésiter à break the rules. En construisant sa propre alternative, en s’accordant autant de valeur malgré la différence, on peut changer les choses.

“Je suis contre ceux qui se plaignent mais ne foutent rien. J’ai envie que le gens se bougent, agissent, qu’ils nous voient et que ça les pousse à faire quelque chose”, Johnny Rotten

3. « No Surrender » — N’abandonne jamais


Image d’un sol recouvert de plaques carrés, avec l’inscription “PASSION LED US HERE” (La passion nous a conduit ici”, en rouge, des pieds avec des baskets en dessous — Source : https://unsplash.com/photos/TamMbr4okv4
Image d’un sol recouvert de plaques carrés, avec l’inscription “PASSION LED US HERE” (La passion nous a conduit ici”, en rouge, des pieds avec des baskets en dessous — Source : https://unsplash.com/photos/TamMbr4okv4

« Dans la paix comme dans la guerre, le dernier mot revient toujours à ceux qui ne se rendent jamais », Georges Clémenceau

Il est impossible d’échapper à l’échec, il est même très probable de le rencontrer, mais il faut se relever et poursuivre jusqu’à la réussite. Il faut croire en soi, porter l’ambition de la grandeur et ne pas avoir peur. La propension à développer l’optimisme dans des organisations devenues cyniques est difficile car on ne laisse pas place à la curiosité et les idées sont annihilées avant d’avoir eu la chance de naître et peut ainsi, être cause d’un mal-être et de manque de confiance. Or, l’optimisme, cette “croyance indéfectible que les choses pourraient être mieux qu’elles ne le sont”(M. Pigasse, Éloge de l’anormalité) repose sur la confiance que l’on peut avoir en soi et qui, surtout dépend elle-même de la confiance en l’autre. Avoir l’audace de dire et de faire, de privilégier le mouvement et la prise de risque pour éviter l’enlisement.


Le rôle primordial de l’action concrète dans la conduite du projet

Mike Monteiro dans sa conférence How designers destroyed the world ?explique qu’il est très important de garder une politique éthique. De ce fait, j’ai adopté le statut de designer-déserteur lors de mon dernier stage. Le dictionnaire Larousse donne cette définition : “personne qui abandonne un parti, une organisation, une cause”. Le taylorisme est un outil, plutôt violent, pour gouverner et pousse à la participation passive. De ce fait, j’ai choisi de m’inspirer du mouvement punk car ce sont des activistes (réaliser des actions concrètes) et de le faire à ma façon, sans déroger à mes principes.


Petit personnage en plastique, habillé en chevalier gris tenant une épée vers le haut, sous un pied comportant une chaussure blanche — Source : https://bit.ly/2L1Nqje

Le design est une stratégie pour apprendre à changer par la pratique. Le design est une histoire qui peut être racontée et qui rend légitime les efforts faits par les individus qui y participent. En théâtralisant le processus, il donne du sens au changement. En effet, comme on peut le remarquer, des moments- clés, comme des évènements, donnent cette capacité individuelle et collective à l’employé d’être en contact avec la conception car il le voit. Les relations de causes à effets sont soulignées visuellement. La mise en scène du changement conduit à mettre en avant l’action de certains employés, qui peuvent prendre le rôle de véritables acteurs, en faisant irruption dans certains évènements. La diffusion sous le format histoire permet aux collaborateurs d’intégrer leur interprétation des choses et de renvoyer leurs actes à ce schéma global. En connaissant à l’avance les moments-clés et les actions qui leurs sont liées, chaque acteur se sentira intégré. Aujourd’hui, un des rôles du management est de permettre cette contribution au récit, de la favoriser a n de développement la vision de la stratégie. En communiquant la vision du changement, il est ainsi possible de créer une coalition pour guider cette transformation. à l’inverse de toutes celles précédentes, adopter l’attitude n°3 : s’engager pour refuser ce qui est et se battre pour le changer.



Publié initialiement sur la plateforme Medium : https://bit.ly/2CKb51w



24 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page