A écouter tous les vendredi sur :
- Ausha
- Deezer
- Spotify
- Youtube
- l'application Podcast Addict
-
Retranscription en texte :
"Ce sera le dernier épisode pour cette première saison de Culture Design ! Je fais une petite pause, car réaliser un podcast prend énormément de temps. On se retrouve en septembre, passez de bonnes vacances ! Et pour ce dernier épisode, nous allons conclure sur le transhumanisme !
Il existe tout un tas de sous-catégories de courants de pensée mais je m'attarderai sur une réflexion générale du terme transhumanisme.
Donc, qu'est-ce que c'est ? C'est un mouvement culturel et intellectuel international qui prône l'usage des sciences, des techniques et des technologies pour améliorer la condition humaine, tant au niveau des capacités physiques que mentales.
Pour les transhumanistes, certains aspects de la condition humaine, comme le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement et la mort sont intolérables. Ils visent un impératif éthique du perfectionnisme.
L'ONGI très reconnue, Humanity+, a adopté la Déclaration Humaniste en 1999. Ce texte promeut l'amélioration de la condition humaine à travers des procédés techniques d'amélioration de la vie, ayant pour but : l'élimination du vieillissement, l'augmentation des capacités intellectuelles, physiques ou psychologiques et enfin, étudier les bénéfices, les dangers et l'éthique du développement et de la mise en œuvre de ces procédés.
En France, le transhumanisme est représenté par l'Association Française Transhumaniste, est fondée par Marc Roux en 2010. Le but de cette association est de diffuser la réflexion sur le transhumanisme et de promouvoir la recherche dans le domaine des nanotechnolgoies, des biotechnologies, de l'informatique et des sciences cognitives – les NBIC.
Les origines de ce mouvement remonteraient à l'Antiquité, avec la quête d'immortalité de l' Épopée de Gilgamesh, récit d'apprentissage sur l'éveil du héros à la sagesse, les différents mythes sur la fontaine de Jouvence, source qui restaureraient la jeunesse de quiconque boirait ou se baignerait dans son eau ou encore, le fameux élixir de longue vie, qui empêcherait le vieillissement et la mort.
Cette philosophie transhumaniste s'inspire aussi de la Renaissance, pendant la période humaniste et des Lumières, avec notamment Pic de la Mirandole ou encore Plotin.
Puis, ces réflexions continuent avec Condorcet qui spécule quant à l'application possible des sciences médicales pour permettre l'immortalité. Benjamin Franklin, lui rêve d'interrompre et de relancer le cours de la vie selon ses envies. Et pour Charles Darwin, il écrit dans son ouvrage L'origine des espèces en 1859, qu'« il devint très probable que l'humanité telle que nous la connaissons n'en soit pas au stade final de son évolution mais plutôt à une phase de commencement ».
Mais, c'est en 1957 que sera utilisé pour la première fois le terme « transhumanisme », par le biologiste Julian Huxley, frère de l'écrivain Aldous Huxley. Aldous Huxley est notamment connu pour avoir écrit la dystopie Le meilleur des mondes en 1931. Dans ce roman d'anticipation, l'ensemble des humains sont fabriqués en laboratoire.Les fœtus, évoluant dans des flacons, sont conditionnés au cours de leur développement afin de les mettre en accord avec leur future position hiérarchique dans la société.
Aujourd'hui, les penseurs transhumanistes sont sûrs que les êtres humains pourront être capable de se transformer en êtres dotés de capacités telles qu'ils mériteraient l'étiquette de posthumains.
En 2000, le futuriste Fereidoun M. Esfandiary alias F-M 2030 est la première personne à bénéficier de la technologie de cryoconservation par vitrification, en attendant une hypothétique résurrection.
Anders Sandberg, universitaire transhumaniste promeut une idéologie philosophique qui nous permettrait, de nous développer à des niveaux supérieurs à la fois physiquement, mentalement et socialement en utilisant des méthodes rationnelles. Robin, Hanson professeur de sciences économiques et chercheur, lui va plus loin et croit en une nouvelle espèce. Les nouvelles technologies transformeront le monde et que nos descendants ne seront plus « humains » sous de nombreux aspects, comme l'atteste le Manifeste des Mutants.
La science-fiction est une source intéressante pour comprendre d'un point de vue sociologique et psychologique les fantasmes procurés par le transhumanisme.
Dans la célèbre œuvre de Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, inspirée du mythe du Golem , le savant Frankenstein décide de créer la vie et pour ce faire, il tente de composer un humain avec des morceaux de différents cadavres. Mais à la vue du monstre qu'il crée, il prend la fuite et l'abandonne à son triste sort. Pris de haine et de tristesse, éprouvant l'amour mais ne pouvant l'inspirer, il devient un assassin sans pitié.
Dans la fiction plus contemporaine, nous avons par exemple, le film Robocop, réalisé en 1987 par Paul Verhoeven. C'est l'histoire d'Alex Murphy, officier de police brutalement assassiné par des criminels. Il est ramené à la vie par l'Omni, le cartel des produits, tenu par un conglomérat militaro-industriel afin de devenir le premier robot-policier du futur, le RoboCop.
Cette question du renforcement physique est aussi traité dans Captain America, réalisé en 2011 par Joe Johnstonafin de créer un super-soldat. Steve Rodgers, reformé de l'armé à cause de sa corpulence trop frêle. Mais suite à son insistance, le docteur Erksine décide de le recruter au sein de la Section Scientifique de Réserve pour faire partie d'un programme viser à créer une super-armée.
Ou encore, on a le film Avatar, sorti en 2009 et réalisé par James Cameron, où le clonage numériquement assisté permet de rendre valide un ancien marine Jack Sully, devenu paraplégique suite à un accident.
Le risque reste présent, par cette surexploitation du mythe du super-héros, qui nourrit des idéologies, à faire naître une peur constante, comme la peur du terrorisme, de la guerre, du nucléaire, des épidémies etc.
Concernant le dopage intellectuel, il y a le film Limitless, réalisé par Neil Burger en 2011. Eddie Morra, écrivain en difficulté face à son premier roman, vit au crochet de sa petite amie. C'est en rencontrant le frère de celle-ci que Eddie va tester le NZT. Cette molècule développe en quelques minutes les perceptions, la mémoire et la capacité de raisonnement. Dès lors, commence pour lui une vie sans limite.
Dans la vie réelle, Nikola Kairinos, fondateur et PDG de Fountech.ai, travaille sur une intelligence artificielle capable de personnaliser l'éducation et de permettre à n'importe qui d'apprendre n'importe quoi, en un temps record grâce aux implants cérébraux de Google.
Or, la culture fictive est là pour nous donner un avertissement. Elle permet de mettre en scène nos faiblesses et les possibles débordements si l'on ne fait pas attention. La machine est dans l'homme autant que l'homme est dans la machine. On ne peut se défausser de ses responsabilités et prendre notre création comme excuse.
La technologie peut résoudre tout un tas de problèmes, mais il faut rester sensible aux effets négatifs. La technologie est la réponse, mais surtout quelle était la question ?, demande Cédric Price, architecte. Il est nécessaire de se poser les bonnes questions avant de concevoir aveuglément quoi que ce soit parce qu'on le peut. Il est question de contrôle et d'éthique, de la maîtrise de la technologie pour éviter tout débordement comme le montre l'expérience de Chris Dancy.Plus connu sous « l'humain le plus connecté de la planète », il a obtenu ce surnom un utilisant jusqu'à 700 capteurs, appareils, applications et service pour suivre, analyser et optimiser sa vie, de son apport calorique à son bien-être spirituel. Premièrement, cette quantification a selonlui, considérablement amélioré sa santé, sa productivité et sa qualité de vie avant de le faire totalement basculé en burn-out. Il appelle désormais à une utilisation plus modérée de la technologie, et se considère désormais comme un « cyborg attentif ».
Le point commun à toutes ces histoires, fictive comme réelle, concerne la fin et les moyens pour y arriver. C'est notre conscience, notre rapport à ce qu'est l'éthique qui fera toute la différence. Si l'on ne pense qu'au profit et au pouvoir, la dérive est que le transhumanisme devienne une substitution par rapport à un dieu quelconque.
Très peu de transhumanistes, adhèrent à une idéologie spirituelle. Mais, il existe un mouvement religion qui s'approche de la philosophie transhumaniste : les Raëliens. Claude Vorilhon aurait reçu la visite d'un extra-terrestre, en 1973 qui lui aurait donné le nom de Raël, le messager. Ce mouvement est présenté comme une religion sans Dieu ni âme, pour laquelle le développement de la science serait une des clés essentielles à l'amélioration du sort d'une humanité promise à la vie éternelle au moyen du clonage.
Dans un discours moins sensationnaliste certes, nous devons reconnaître que nous entrons dans une guerre des cerveaux. Laurent Alexandre, dans sa conférence Ted « Nos enfants iront-ils dans des écoles eugénistes ? » explique que l'immobilisme de l'école a permis une économie de la connaissance : le carburant, c'est le neurone, le QI. Un fossé se creuse entre les gens doués et les moins doués.Pour empêcher cette neuro-dictature, ce neuro-cauchemar, pour reprendre les termes de Laurent Alexandre, nous aurons besoin de neuro-éthicien, des personnes qui mettront en place des normes morales afin d'éviter cette neuro-manipulation. Telles les hiérarchies d'intelligence, cette utopie politique narrée dans l'ouvrage Le meilleur des mondes, l'arme cognitive sera le nouveau pétrole.
Ce futur de l'« Humanité 2.0 », selon les termes du futurologue Raymond Kurzweil, pose des questions sur la direction que prend la technologie. Les êtres humains auront encore leur place dans un monde remplis de robots ultra-intelligents ? Vu comment avance les recherches à la Silicon Valley, il est inévitable qu'il y aura des machines plus intelligentes que nous. Il est grand temps de sublimer la sagesse de conception de ces machines plutôt que le pouvoir et l'argent.
La technologie a réinventé notre rapport au monde, aux autres, la construction de soi.
Alain Damasio, dans sa conférence Ted « Très humain plutôt que transhumain »,explique nos pulsion technophiles. Tout d'abord, la technologie outille nos paresses. Elle facilite nos vies, les fluidifie, et se fait partisane de la loi du moindre effort. Elle sous-traite nos fatigues pour nous rendre plus performant. La technique a permis externaliser nos capacités physiques dans la voiture, l'escalator, le tapis roulant etc. Aujourd'hui, les technologies externalisent nos capacité cognitive : la mémoire dans les moteurs de recherche, notre capacité à se repérer avec le gps etc.
Je vous partager cet extrait du film Idiocracie : https://www.youtube.com/watch?v=pg5rz-11EwI
Mais surtout, et c'est la figure de proue du transhumanisme, la technologie conjure nos peurs. Elle rassure : contre la solitude et l'abandon, on n'est « plus jamais seul » mais surtout, donne l'espoir de dépasser notre finitude et d'une certaine façon, nous libère de la mort.
Et pour finir, un extrait d'un de mes podcasts coup de cœur Mortel, épisode 8 « Vaincre la mort » (de 17:18 à 19:10) : https://www.nouvellesecoutes.fr/mortel/
Vous retrouverez toutes les sources concernant le podcast sur mon site internet massotmarion.wixsite.com/websitedans la rubrique blog puis Podcast.
Vous pouvez vous abonnez à ce podcast sur les plateformes Deezer, Spotify, iTunes Podcast, Youtube ou Podcast Addict.
N'hésitez pas à le partager avec votre entourage ou à me laissez votre avis. Je me ferais un plaisir de le lire lors d'un prochain podcast !
Merci de m'avoir écouté ! A la semaine prochaine !".
Bibliographie :
- Donald Norman, Design émotionnel – Pourquoi aimons-nous (ou détestons-nous les objets qui nous entourent ?
- Serge Tisseron, Le jour où mon robot m'aimera – vers l'empathie artificielle
Sitographie :
- https://hitek.fr/actualite/dossier-post-humanisme-mythe-du-golem-westworld_16367
- https://www.nouvellesecoutes.fr/mortel/
Si vous aimez ce que je fais, vous pouvez me soutenir sur la plateforme de financement participatif Tipeee : https://fr.tipeee.com/culture-design !
-
Comments