A écouter tous les vendredi sur :
- Ausha
- Deezer
- Spotify
- Youtube
- l'application Podcast Addict
-
Retranscription en texte :
"Dans ce nouvel épisode, nous allons voir ce que sont les objets connectés ou encore appelés, internet of things ou internet des objets... Qu'es-t ce que c'est ? Ce sont des objets, qui en plus de leur fonction principale peuvent envoyer ou recevoir des informations grâce à leur connexion à un réseau de communication à distance. Ce réseau peut être le Wi-Fi, le Bluetooth ou encore en passant à travers des protocoles radio.
Mais qui a inventé le premier object connecté ?
Rafi Haladijan, entrepreneur français, fonde en 1994 le premier opérateur internet de France, qui s'appelle FranceNet, puis le fournisseur de Wi-Fi communautaire Ozone et puis encore en 2003, l'entreprise Violet avec comme credo « Let all things be connected ». Et c'est avec cette entreprise qu'il créé la lampe DAL, le premier objet connecté à proprement dit. En forme de pavé, blanche sur la base et translucide sur le dessus, c'est une lampe connectée en Wi-Fi, avec des LEDs colorés qui s'anime en fonction des données qu'elle reçoit.
Vendue 790€, ce qui était extrêmement cher pour l'époque, c'est seulement une cinquantaine de modèles qui se sont écoulés.
En 2005, l'entreprise produira le Nabaztag, l'icône des objets connectés. C'est un petit lapin connecté, avec des oreilles colorés qui peut lire les e-mails à voix haute, émettre des signaux visuels et diffuser de la musique.
L'aventure continue pour Monsieur Haladijan. En 2010, il fonde Sen.se, une société qui a pour but de développer des objets connectés qui récolteront et transféreront des données à une plateforme afin de donner du sens aux informations issues de la vie quotidienne. Ains ils créent Mother, avec ses Motion Cookies que l'on place un peu partout. Podomètre, thermomètre, outil de vérification pour savoir si vos enfants sont bien rentrés de l'école et à quelle heure... Bref, Mother analyse tout vos faits et gestes.
Mais aujourd'hui, Sen.se n'est plus. L'entreprise a mis la clé sous la porte en 2018, le marché n'étant pas réceptif. Trop cher ? Trop gadget ? Des services incompris ?
Bref, en tout cas, aujourd'hui en 2019, le marché des objets connectés s'est extrêmement bien développé. Mobiles, domestiques, de loisir, d'infrastructure, de productivité... Grâce au déploiement du Cloud, ce nuage qui permet de stocker des données à distance, notre vie quotidienne est plus que jamais connectée et a entraîné le phénomène Big Data. Le big Data, c'est l'explosion quantitative des données numériques qui ont transformé les manières de voir et d'analyser le monde. On a même pu voir apparaître la nouvelle profession qui est celle d'être data analyste.
Aujourd'hui, la maison est connectée : on appelle cet univers la domotique. On centralise sur un panneau de contrôle ou sur son smartphone les différents systèmes de son habitation afin d'optimiser leur utilisation. On allume et éteint les lumières à distance, on gère son chauffage sur son smartphone, on programme l'ouverture et la fermeture des volets, l'alarme, l'arrosage automatique, la mise en route de la machine à laver...
Dans le monde du sport, nous avons la montre connecté. En plus de sa fonction principale qui est de donner l'heure, elle récupère des informations afin d'en tirer des statistiques et de vous transmettre des conseils personnalisés en fonction de vos performances.
Dans le domaine de la santé, ils existent un tas d'autres objets qui se voient dotés d'une connexion pour les différentes problématiques du domaine : la brosse à dent connectée, la balance connectée... Et j'en profite pour vous parler de Meyko, qui est le fruit de la startup du même nom, fondée par une ancienne collègue de licence à Strasbourg, Sandrine, avec son frère. Meyko est un dispositif de rappel des traitements pour les enfants asthmatiques.
Du côté des animaux de compagnie, nous avions le Tamagotchi, qui est le premier animal virtuel de compagnie au monde.
Mais pourquoi aujourd'hui cet engouement sur les objets connectés ?
Simondon, dans son ouvrage Du mode d'existence des objets techniques, explique qu'on trouve de l'humain dans la machine car l'humain conçoit et s'y projette. L'objet connecté fait office de médiateur entre l'humain et le résultat de l'action engendrée. C'est comme si l'humain avait lui-même réalisé l'action pour le résultat attendu.
Puis, comme l'enfant avec son doudou, les objets connectés officient comme objet transitionnel, selon l'expression du pédopsychiatre Donald Winnicott. Ils répondent à un besoin d'utilité et de besoin émotionnel. En plus donner une impression de contrôle, ils font office de présence. Baudrillard explique sans son livre Le système des objets, que « L'objet : ce figurant humble et réceptif » devient cette sorte d'esclave psychologique et de confident. Il est une présence rassurante de défense contre l'angoisse. S'attacher aux objets a depuis toujours existé, comme le démontre aussi les tombes dans lesquelles on retrouve des bijoux et autres objets divers.
On projette des émotions sur ces objets. Ils deviennent des « objets qui comptent ». Ils revêtent une double dimension : ils offrent une base matérielle pour se souvenir, rêver, réfléchir. Peut-être vous même ou quelqu'un de votre entourage, par exemple, ne peut pas sortir sans son smartphone. Et j'ai remarqué, que si la personne se fait voler son smartphone, ce qui les inquiètent, certes il y a le prix mais leur première peur est celle de la perte de leurs photos, leurs notes, leurs numéros...
Notre relation aux objets a évolué : ce ne sont plus de simples outils mais des compagnons de vie, qui contribuent à notre sentiment identitaire. « Les gens doivent communiquer continuellement pour se conforter, se rassurer » explique Donald Norman. La communication est importante car elle apparaît comme un véhicule social et émotionnel.
Baudrillard explique aussi que « l'objet n'est libéré que dans sa fonction, l'homme réciproquement n'est libéré que comme usager de cet objet ». C'est-à dire que ce n'est ni la possession ni la jouissance mais c'est la responsabilité de l'usage qui lui importe. Désormais, on ne consomme plus ses objets. On les maîtrise, les contrôle, les ordonne. Les valeurs symboliques et les valeurs d'usage s'estompent derrière les valeurs organisationnelles. Grâce à ces objets connectés, les humains mettent en place un équilibre tactique pour gérer un système, comme la maison.
Aujourd'hui, grâce au déploiement du numérique, notre environnement est plus fonctionnel, plus ouvert, plus libre mais aussi déstructuré, morcelé en diverses fonctions. De ce fait, les objets connectés dépassent leur rôle fonctionnel vers un nouvel ordre pratique d'organisation qui structurent implicitement nos pratiques quotidiennes. Désormais, c'est l'objet qui crée de la valeur.
Malgré la valeur sentimentale sur ces objets, la gestion des données posent des questions. Est-ce que derrière cette bonne volonté ne trouverait-on pas en fait des mouchards pour épier nos faits et gestes, des mini Big Brother en puissance ?
Derrière cette peur, qui est légitime, qui s'appelle la technophobie, l'important est d'être averti. Je ne dis pas que l'utilisation des objets connectés est dangereuses ou pas, mais qu'un minimum de connaissances est requis car ne sont pas des objets anodins. Grâce à leur capacité à nous connaître, ils nous aident comme assistants dans notre quotidien mais entre des mains mal intentionnées, ils peuvent effectivement nuire. Des mesures législatives sont mis en place en France, comme la loi Informatique et Liberté, supervisée par la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés, la CNIL de son petit nom.
Cette loi a été instauré en 1978 et elle est chargée de veiller à la protection des données personnelles contenus dans les traitements informatiques notamment, publics comme privés. Ensuite, en 2018, est apparu le Règlement Général sur la Protection des Données – le RGPD qui fixe un ensemble de règles sur le respect des données personnelles, à toute entreprise dont le siège est basé en Europe.
Le fait de vivre, ce n'est pas seulement vivre avec « mon père, ma mère, mes frères et mes soeurs », c'est vivre avec « un marteau, une ferme, une grange et une barrière » aussi. « L'homme est dans la machine autant que la machine est dans l'homme » dixit Stéphane Vial. Il n'est pas question de savoir si on est pour ou contre les objets connectés.
Aujourd'hui, ces outils se trouvent améliorés grâce à l'évolution des technologies, qui est l'alliance de la technique à la science. Il n'y pas d'intérêt à se déconnecter totalement, à se positionner pour contre ou pour le livre électronique, de favoriser les jeux de plateau aux jeux vidéo ou que toutes nos relations deviennent des face à face numériques. Leur rôle est d'être des outils pour améliorer la vie quotidienne, tout comme l'ont déjà fait bien avant nous les humains préhistoriques. En tant qu'être humain, peu importe le niveau de civilisation, nous n'avons jamais vécu à l'état complètement nature.
L'important est de savoir pourquoi on l'utilise. La finalité du service est l'élément déterminant. & c'est ça le rôle du designer.
Tel l'Ipad qui nous a sorti de l'asservissement au poste de travail, ou encore, la console WII de Nintendo permet de stimuler l'activité corporelle, Stéphane Vial nous l'explique dans son livre L'être et l'écran, « plutôt que de s'opposer catégoriquement à l'ontophanie numérique ou de lui succomber aveuglément, il convient de chercher à exploiter le meilleur des capacités phénoménotechniques de chaque ontophanie technique et de son hybridation avec les autres ». En d'autres termes, le design numérique doit assumer l'ampleur de sa responsabilité : nous amener à vivre mieux.
Vous retrouverez toutes les sources concernant le podcast sur mon site internet massotmarion.wixsite.com/websitedans la rubrique blog puis Podcast.
Vous pouvez vous abonnez à ce podcast sur les plateformes Deezer, Spotify, iTunes Podcast, Youtube ou Podcast Addict.
N'hésitez pas à le partager avec votre entourage ou à me laissez votre avis. Je me ferais un plaisir de le lire lors d'un prochain podcast !
Merci de m'avoir écouté ! A la semaine prochaine !"
Sources :
Livres :
- Le jour où mon robot m'aimera - Vers l'empathie artificielle, Serge Tisseron
- L'être et l'écran - Comment le numérique change la perception, Stéphane Vial
- Le système des objets, Jean Baudrillard
Sitographie :
- https://www.economie.gouv.fr/entreprises/reglement-general-sur-protection-des-donnees-rgpd
-
Vous pouvez me soutenir sur la plateforme de financement participatif Tipeee : https://fr.tipeee.com/culture-design
-
Comments