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Photo du rédacteurMarion Massot

Culture Design, il est temps d'asseoir les femmes : Lilly Reich S2E25

Dernière mise à jour : 4 nov. 2019




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"Bonjour à toutes et tous !


Bienvenue dans ce nouvel épisode spécial, Culture Design, il est temps d'asseoir les femmes !


Lilly Reich, c'est la femme de l'ombre de Mies Van Der Rohe. Elle est née en 1885  à Berlin et décède dans cette même ville en 1947. Designer, architecte d'intérieur et artiste textile allemande, elle prendra part au Mouvement Moderne, au Deutscher Werkbund et au Bauhaus.


Sa vie professionnelle débute auprès de Else Oppler-Legband, architecte, costumière et styliste, qui l'inspirera pour la suite de sa carrière. Cette expérience fut formatrice pour Reich car c'est de cette manière qu'elle se découvrit un intérêt pour le contraste des textures et des matériaux, ainsi que la technicité des tissus d'ameublement.


Elle ouvre son propre studio de décoration et de mode en 1911 à Berlin. Elle se liera d'amitié avec Anna Muthesius, la femme d'Hermann Muthesius, un des influenceurs du mouvement des Arts and Crafts. Anna Muthesius est une autodidacte en décoration intérieure et en mode, pionnière du mouvement pour des vêtements confortables et fluides, appelés Reformkleidung visant à libérer les femmes des carcans de la mode du 19ème siècle.


En 1912, elle produit un appartement pour ouvrier, installé dans l'exposition Die Frau in Haus und Beruf (La femme à la maison et au travail) à Berlin. La problématique concernant l'habitat ouvrier, construire des appartements à bas coût était centrale à cette époque et ce sont notamment les architectes masculins du mouvement de l’Art nouveau qui se sont penchés sur la question. Et de manière pas du tout étonnante le projet de Reich fut sévèrement critiqué par  Paul Westheim, critique d'art dans le magazine Das Kunstgewerbeblatt. La proposition de Reich était la moins coûteuse, en comparaisons aux créations de ses homologues masculins. Mais, pour Westheim, l'appartement était une parfaite illustration de « l’incompétence de la femme en architecture » : les femmes seraient incompétentes en architecture et devrait rester dans le domaine qui leur est assigné, celui de la décoration intérieure.


En 1914, les membres féminins du Deutscher Werkbung participe à la Maison de la femme pour une exposition à Cologne. Le comité d'organisation de la Maison de la femme était présidé par Anna Muthesius, dirigé par Else Oppler-Legband, et coordoné par Lilly Reich. Le comité rejetait l’idée que les créatrices femmes devaient se cantonner aux « travaux pour dames », et soulignait la dimension intellectuelle des créations. Elles utilisèrent La Maison de la femme afin de remettre en question l'idée que la créativité était uniquement masculine, et cet organisme suivait les principes du mouvement Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit) basé sur le fonctionnalisme et l’emploi rationnel de nouveaux matériaux de construction, mis en avant par le Werkbund.


Ensuite, Reich rencontre Mies Van Der Rohe quelques temps avant l'exposition de Stuttgart en 1924. C'est cette rencontre puis cette collaboration et son immense succès qui marqueront le début d'une relation tant professionnelle que personnelle. A partir de là, ils travailleront pendant une dizaine d'années ensemble.


Reich et Mies Van Der Rohe crérontt également des meubles comme la chaise Brno et la chaise Barcelone, encore fabriquées en 2019 par l'entreprise Knoll mais le mobilier dessiné par Reich sera désigné par ses initiales, LR.


En 1931, elle devient la directrice artistique et l'architecte pour la partie allemande de l'exposition Die Wohnung unserer Zeit à Berlin. Sa participation marquera sa plus impressionnante réalisation car elle sera responsable de 5 installations : matériaux ; appartement pour un couple marié ; appartement de célibataire ; maison sur un seul niveau ; ameublement intérieur. De la forme des attaches métalliques pour les panneaux et les cloisons de verre jusqu'aux meubles conçus exclusivement pour l'exposition, la qualité de ses dessins témoignent de la précision de ses recherches et de son attention aux détails.


En 1930, Mies Van Der Rohe devient le directeur de l'Ecole du Design et d'Architecture du Bauhaus à Dessau. Lilly Reich le rejoint en 1931 et prend la direction des ateliers de tissage, laissée vacante par Gunta Stölzn, et devient aussi la directrice de l'atelier de second œuvre (c'est-à-dire la menuiserie, le métal et la peinture murale). L'école de Dessau ferme en 1932, suite à l'impulsion nazie. Lilly Reich sera celle qui sauvera les archives de Mies van der Rohe de la destruction pendant la Seconde Guerre Mondiale, époque où le pouvoir nazi la détourne de tout succès.


Mies Van Der Rohe émigrera aux USA et Lilly Reich restera travailler dans son studio en Allemagne jusqu'à sa destruction en 1943 par un bombardement. Elle sera réquisitionnée par le Service du Travail Obligatoire jusqu'en 1945. Après la guerre, elle donnera des cours de décoration intérieure et de théorie en architecture à l'Université des arts de Berlin jusqu'à son décès.


Le travail et la place de Lilly Reich sera reconnu très tardivement. Son rôle et son influence sur les travaux de Mies Van Der Rohe seront restés méconnus jusque dans les années 1990. Albert Pfeiffer, vice-président du design et du management de Knoll à cette époque, souligne que « l’engagement de Mies et son succès dans les expositions de design ont commencé en même temps que sa relation personnelle avec Lilly Reich » et que « aucun des meubles contemporains que [celui-ci] a développé avec succès n'a été créé avant ou après sa collaboration avec Lilly Reich ».


La fondation Mies Van Der Rohe créé en 2018 la bourse Lilly Reich pour l'égalité en architecture, et se pose en « en reconnaissance de l'héritage architectural de Lilly Reich, la partenaire artistique de Ludwig Mies van der Rohe dans la conception et l'exécution du Pavillon allemand de Barcelone en 1929, reléguée au deuxième rang, voire effacée, de l'histoire et de la mémoire de ce chef-d'œuvre de l'histoire de l'architecture ». En créant cette bourse, la fondation souhaite « accroître la visibilité des contributions architecturales indûment laissées de côté ou oubliées, apportées par des professionnels victimes de discrimination en raison de leur situation personnelle ». 


Merci de m’avoir écouté ! On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode !


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Sitographie :

 
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