top of page
  • Photo du rédacteurMarion Massot

Culture Design, il est temps d'asseoir les femmes : Andrée Putman S02E35

Dernière mise à jour : 19 avr. 2020




A écouter tous les vendredi sur :

- l'application Podcast Addict

- et encore bien d’autres plateformes…






-


"Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Culture Design, il est temps d'asseoir les femmes.


Aujourd'hui, nous allons parlé d'Andrée Putman, architecte d'intérieur et designer française de renommée internationale !


Andrée Putman, née Andrée Christine Aynard le 23 décembre 1925 à Paris.


Elle naît dans une famille bourgeoise de banquiers et notables d'origine lyonnaise. Son grand-père, Édouard Aynard, est le fondateur de la banque Maison Aynard et fils ; sa grand-mère et épouse d'Édouard est Rose de Montgolfier, descendante de la famille des inventeurs du ballon à air chaud.


Enfant, elle passe la plupart de ses étés à l'Abbaye de Fontenay, abritant jadis les ateliers des frères Montgolfier. Cet endroit austère nourrit ses premières perceptions esthétiques : la géométrie des lieux, ses vues et perspectives, « les jeux de pierre et de lumière, l’incroyable richesse et diversité des non couleurs »… autant d'éléments qui trouveront un écho dans ses réalisations futures. « J’ai gardé de tout cela la plus grande méfiance à l’égard des affreux excès de surenchère ».


Poussée par sa mère, l'éducation artistique d'Andrée Aynard commence d'abord avec la musique en devenant concertiste et pianiste. Cependant, l'entourage musical lui assènera que ses mains ne sont pas celle d'une future grande pianiste et ne pourra ainsi jamais espérer devenir une virtuose. De ce fait, elle se dirige vers l’étude de la composition, au conservatoire national de Paris. Mais à nouveau, ce n'est pas sous les encouragements qu'elle continuera.


Lorsqu'elle reçoit le Premier Prix d’Harmonie du Conservatoire des mains de Francis Poulenc, célèbre compositeur et pianiste, celui-ci lui déclarera qu'au moins dix années de travail acharné et de vie recluse lui seront nécessaires pour prétendre, peut-être, à une carrière de compositrice.


Cette dernière remarque accablante sonne alors le glas de sa carrière de musicienne, entamée malgré elle en hommage à sa mère.


Le sort continue à s'acharner sur Andrée Aynard. A vingt ans, elle est victime d'un grave accident de vélo duquel elle réchappe de justesse. Elle gardera de cette épreuve un maintien physique très caractéristique : celle d'une grande femme, se tenant de manière très droite, à la démarche d’équilibriste.


Mais grâce à l'arrêt prématuré de sa carrière et cet accident, Andrée Aynard décide de s'émanciper de sa famille et de vivre son désir d'indépendance face à une famille qui lui demande alors « si elle pense à la peine qu’elle leur fait ? ». Terrible grand classique. Elle vide sa chambre de jeune de fille et la meuble de manière très minimaliste : un lit de fer très dur, une chaise et une affiche de Mirò sur des murs blancs.


Elle demandera à sa grand-mère Madeleine Saint-René Taillandier, présidente « mondaine et glaciale » du prix Fémina, « Que peut-on faire quand on n’a pas été à l’école, qu’on est musicien et qu’on a arrêté la musique » ? Elle lui répondra sans ménagement : « À part grouillot, rien ».


C'est donc sur ces encourageants conseils de sa grand-mère qu'Andrée Aynard devient coursier pour la revue Femina dans laquelle elle effectue toutes les basses œuvres de la rédaction.


Mais c'est ici qu'elle affûtera son regard en analysant le théâtre social qui se tient lors des réunions. Elle collabore également avec les magazines Elle et l'Œil, prestigieuse revue d'art, où elle propose des installations remarquées d'objets de styles et d'époques différents. Elle identifie ce qui est raffiné et nouveau, enrichit sa connaissance des grands couturiers. Mais cela ne suffit pas à lui donner confiance en elle et continue de s’effacer toujours devant le talent des autres.


C'est à la fin des années 1950 que Andrée Aynard deviendra Mme Andrée Putman en épousant le collectionneur, éditeur et critique d'art Jacques Putman. De leur union naissent deux enfants : Cyrille et Olivia.


Andrée Putman continue sa carrière comme styliste pour Prisunic à partir de 1958 où elle s’emploie « à faire de belles choses pour rien », toutes consacrées à l’univers de la maison. Elle concrétise aussi sa volonté de rendre l'art accessible au plus grand nombre et de faire tomber les barrières entre les individus en proposant, avec son mari, des lithographies à tirage limité pour 100 francs seulement (ce qui équivaut à 1,73 €), disponibles dans tous les magasins Prisunic.


Mais c'est 10 ans plus tard, en 1968 que Didier Grumbach, un homme d'affaires, repère son talent. En collaboration avec lui, elle crée en 1971, une nouvelle société orientée vers le développement du prêt-à-porter et du textile : Créateurs et Industriels. Elle sera par son intuition la révélatrice de nombreux talents, tel que Jean-Charles de Castelbajac, Issey Miyake, Claude Montana ou encore Thierry Mugler.


Et parallèlement, elle commence discrètement à exprimer son talent pour l’agencement de lieux délaissés.


Mais les années 70 marquent un énième coup dur pour Andrée Putman. L'aventure Créateurs et Industriels s'arrête et Andrée Putman divorce. Andrée Putman entre alors dans une phase de sa vie où plus rien ne compte ni n'a de sens. Et c'est ce qui la poussera à donner forme à son intense sentiment de vide : elle s'aménage un espace constitué simplement d’un lit et de deux lampes, « dans la totale austérité, parce que je ne savais plus ce que j’aimais ».


Mais c'est suite à cette épreuve et sous les encouragements de son ami Michel Guy, que Andrée se remet en selle. Elle crée le bureau Écart (qui est le palindrome de "Trace"). C'est donc à 53 ans qu’Andrée Putman entame véritablement la carrière qui l'a fait connaître de New York à Hong Kong.


Sa première tâche consiste à remettre en lumière les talents oubliés du mobilier des années 1930 comme René Herbst, Antoni Gaudí ou encore Eileen Gray… Son but était d'intéresser 10 personnes. Ses espérances seront largement dépassées : des milliers de personnes seront séduites par ces pièces.


Elle invente le concept de boutique-hôtel en aménageant l’Hôtel Morgans avec très peu de moyen en 1984 à New-York, ce qui marquera un tournant comme l'atelier d'Azzedine Alaïa, des boutiques pour Balenciaga ou Lagerfeld, des bureaux d'hommes politiques comme celui de Jack Lang au Ministère de la Culture en 1984 et des musées comme le CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux ou le musée des Beaux-Arts de Rouen.


En 1997, Andrée Putman crée le Studio qui porte son nom, spécialisé en architecture intérieure, design et scénographie. Son souhait est de réconcilier les matériaux « riches » et les espaces en favoriseant les sensations qu’ils offrent.


La carrière d'Andrée Putman continue sur sa lancée : en 2008, le Maire de Paris Bertrand Delanoë choisit de lui confier la Présidence du premier Comité Design Paris. Sa mission consiste à engager des réflexions et d'émettre des avis dans les domaines du mobilier urbain, les équipements publics parisiens et les uniformes du personnel.


L’année suivante, Andrée et Olivia Putman entament le début de leur collaboration mère-fille. Elles présentent une nouvelle chaise dessinée pour l’entreprise américaine Emeco, une collection de lunettes pour RAC Paris, une ligne de tapis pour Toulemonde Bochart, un couteau pour Laguiole, la gamme de mobilier de jardin « Inside Out » pour Fermob, une collection de trois meubles pour l’éditeur français Silvera ainsi que la scénographie pour les concerts du chanteur Christophe à l'Olympia et l'exposition Madeleine Vionnet aux Musée des Arts Décoratifs de Paris.


L'année suivante, l'Hôtel de Ville de Paris lui rend hommage en accueillant une exposition qui retrace sa vie et qui attira plus de 250 000 visiteurs.


Elle décèdera le 19 janvier 2013 à Paris et la rue Andrée-Putman dans le 17e arrondissement de Paris est nommée en son honneur. Andrée Putman aura reçu pas moins de 18 récompenses et distinctions pour l'ensemble de sa carrière.


Mais l'empire Putman ne s'arrête pas avec Andrée. La relève est assurée avec sa fille, Olivia Putman, elle aussi designer dans les domaines de l’architecture intérieure de la scénographie et du design . En effet, depuis 2007, Olivia Putman gère la direction artistique du Studio Putman que sa mère lui a confié. Elle souhaite perpétuer cet esprit « touche à tout » sans cesse "revendiqué par sa mère".

 

Sources


- https://studioputman.com

- https://www.ecart.paris/fr/andree-putman/

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Andrée_Putman

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivia_Putman

- https://www.lexpress.fr/styles/designers/andree-putman-ses-mysteres-ses-paradoxes_963512.html

- https://www.elle.fr/Deco/Reportages/Les-pros/10-choses-a-retenir-sur-Andree-Putman-la-papesse-du-design#Architecture-interieure-bureaux-ministere-de-la-culture-paris-1985

 
89 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page