Dans ce quatrième épisode, je vais continuer sur l'histoire du design avec le Bauhaus, les Arts Déco, le Streamline, l'UAM, le modernisme scandinave et le modernisme américain !
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Retranscription en texte :
"Avec l'épisode 4, nous continuons sur l'histoire du design !
Dans cette première partie, nous avions vu les origines de la division du travail à la Renaissance, puis les origines industrielles du design, l'influence de la condition des ouvriers pour une volonté de retour à la nature et le travail artisanal, de 1850 à 1914. Avec le Deutscher Werkbund, c'est le débuts de la crise de la conception avec 2 écoles, celle de Muthesius et de la production en série, puis de l'autre, celle de Van de Velde et les partisans d'un retour au travail manuel. A la même période, se créé l'entreprise AEG, qui annonce le design comme expérience globale : l'architecture, la production et le graphisme sont liés. Et enfin, nous avons fini dans les années 30 avec le mouvement De Stijl, qui utilisait la couleur pour ses propriétés architecturales.
Pour cette épisode, on se replace au début du XXème siècle.
En 1919, l'école du Bauhausest créée : elle résulte de la fusion de l’Ecole des Beaux-Arts et de l’Ecole des métiers d’arts. Cet établissement se félicitait d’être le conseiller artistique de l’industrie, des métiers d’art et de l’artisanat, se positionnant comme une sorte de laboratoire du design moderne.
Elleréalise la première grande collaboration entre l’art et l’industrie : la création d'objets alliant à la fois l'esthétique, le fonctionnel et l'innovation destinés à une production en série. Le design est né : « Cole avait inventé le nom, Behrens la chose ».
En effet, se réalise une association jamais vu auparavant dans l’histoire de la création : concepteurs, artistes et industriels travaillent ensemble et favorisent un apaisement général, suite aux querelles du Deutscher Werkbund. Cette réconciliation, entre les idéaux des arts décoratifs, c'est-à-dire, la mise en valeur du travail de l’artisan et les ambitions de l’industrie, centrées sur la production en série, offrent un terrain propice à l’épanouissement à l’ère du Bauhaus, dirigé par Walter Gropius, architecte et membre du Deutscher Werkbund, rangé du côté de Henri Van de Velde.
Cette école proposait initialement une formation plutôt artisanale. Les principaux enseignements étaient des ateliers (reliure, textile, imprimerie, métal, sculpture sur bois, pierre, menuiserie, céramique, ou encore peinture), puis un atelier d’architecture ouvrira quelques années plus tard. Par ailleurs, chaque atelier était encadrés conjointement par un maître d'ouvrage, comme dans l'artisanat, qui officiait comme responsable technique.
Après De Stijl, un des professeurs de cette école, Joannes Itten mettra l'accent sur l'importance de la couleur dans la conception.
Malheureusement, avec l’élection d'Hitler en 1932, la dernière école, installée à Berlin, est fermé par les Nazis en 1933. Ces derniers voyaient dans cettet école, le « berceau du bolchevisme culturel ». Certains de ces professeurs partirent pour les Etats-Unis et l’esprit de l’école renaît en 1937 à Chicago à travers l’Institut of Design où seront posées les bases de l'architecture moderne et du style international.
En parallèle en France, de 1920 à 1939, les progrès machinistes permette une période de grande consommation ainsi que l'amélioration des méthodes de ventes, du marketing et de la publicité.
Il n‘y a plus de grands regroupements comme on a pu le voir au niveau des autres mouvements. Nous avons à faire avec de petites entreprises artisanales qui travaillent le savoir-faire traditionnel.Ils sont peu apte à innover et à entrer dans la production de masse. Mais c'est au courant de ce siècle que les artisans commencent à travailler ensemble et à s’individualiser pour ensuite créer leur marque.
C'est la période appelée Art Déco. Ce courant tient son nom de l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, à Paris en 1925.
Qui n'est occupé que par son intérêt ou son plaisir propreon assiste à la redynamisation économique et à l'avènement industriel. L’industrie du textile et tout le secteur du luxe sont mis en avant.
Le style Art déco préconisait les formes géométriques comme fin décorative. On y présentait aussi des objets et des réalisations architecturales extrêmement variées, avec pour fin les origines vernaculaires, inspirés notamment de la tradition exotique (comme l'Afrique noire). Des objets précieux sont réalisés en série, avec des décors naturalistes, géométriques ou abstraits. Le béton armé qui se prête à toutes les formes, devient utilisation courante. C'est aussi la mode des émaux de Longwy et des vases en pâte de verre. Les meubles sont construits avec l'association de matériaux étonnants pour l'époque : plexiglas, acier chromé ou poli, bronze, ivoire, ébène, gainage du cuir ou de galuchat. La riche palette de nuances florales est remplacée par des couleurs fortes, avec un noir très présent.
Dans cette hétérogénéité, on a une tendance générale à la simplification des formes, à une volonté géométrique et à la cohérence structurelle, avec un rejet total de l’ornement exécuté en relief. Cette volonté tient de l'architecte autrichien Adolf Loos, qui publiera un essai intitulé Ornement et Crime en 1908. Il combat l'ornement au profit de la lecture claire de la fonction dans la forme d'un bâtiment : car «l'ornement est un crime ». On supprime toutes les formes ondulantes, les courbes et contre-courbes. On a plus les exubérances de l’Art Nouveau, mais l’Art Déco s’en influe pour les décors naturalistes stylisés (comme dans la sécession viennoise).
L'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes est installée dans le pavillon de l'Esprit Nouveau, conçu par Le Corbusier. Ce pavillon nie volontairement l’existence des arts décoratifs et suit les précepte de Loos. Il présente l’architecture comme allant de l’objet d’usage au mobilier. En tant que puriste de la forme, il tend à montrer que les produits créés par l‘industrie ont autant de valeur et d’esthétique qu’un produit créé par un artisan. Pour se justifier, il citera la chaise n°14 de Thonet, «en bois moulé sans conteste la plus courante et la moins couteuse de toutes. Et nous en sommes convaincus… ». De plus, cette cellule montre aussi une vision sociale puisque que selon lui, grâce à ses prototypes, tout le monde peut avoir un habitat simple, lumineux et aéré.
Durant tout le 20ème siècle, s’ensuit alors, selon une acceptation internationale, que le design concerne la conception d’un objet en vue d’une production industrielle, et tout plus particulièrement, d’une série. Il permet de caractériser la part de création intervenant dans la conception d’un objet (ou son ensemble) et d’assurer la cohérence entre les impératifs techniques de fabrication, la structure interne de l’objet, sa valeur d’utilisation et son aspect. Une pièce unique ne peut être considérée comme un élément du design lorsqu’elle est un prototype destiné à une production en série, ou exceptionnellement, dans le cas où sa conception et sa réalisation n’ont pas pu emprunter les moyens mécaniques inhérent à l’industrie.
Concernant l’artisanat, l’objet issu de ce mode de pratique ne peut rentrer dans le champ du design si et seulement si, il constitue un repère important, mais surtout utile dans la conceptualisation et la production industrielle. En finalité, le design est alors aussi bien utilisé pour définir les produits de l’artisanat, que ceux fabriqués en usine et en séries : divers appareils, machines, véhicules, meubles, outils, ustensiles, vêtements, mais également les tissus, les papiers peints, les imprimés, les affiches etc.) ainsi que tous les éléments préfabriqués en atelier, les bâtiments et les ouvrages d’art.
L’évolution de l’industrialisation annonce indéniablement l’épopée du design. Après l’émergence du design grâce à l’entreprise AEG, Jacques Viénot, fondateur de l’Institut d’Esthétique Industrielle, édite une revue du même nom et devient en 1984 l’actuel Institut Français du Design.
Pour lui, sa définition de l’esthétique industrielle réside dans la recherche du beau dans des objets fabriqués industriellement. Enfin, que cette esthétique soit surtout, conforme à l’idéologie fonctionnaliste moderne. selon laquelle la beauté d’un objet fabriqué provient de son adaptation à sa fonction.
Mais en 1929, le monde doit faire face à une crise économique, en cause, le krach boursier de New York. On entre dans la période économique appelée La Grande Dépression. Après une période de surproduction, s'ensuit une période où l'on consomme beaucoup moins. Le président américain Franklin D. Roosevelt met rapidement en place un plan pour relancer la croissance. Le « New-Deal » est présenté pour favoriser la consommation de tous les ménages.
C'est à cette période que se développe le style Streamline aux USA, jusqu'en 1952. Issu des Arts Déco, le Streamline en retira les exigences de la simplicité, tant dans la forme que le rejet de l'ornement. L'aérodynamisme, liée à la fascination pour la vitesse, influence le design et donne ces formes courbés aux objets de la vie quotidienne. Les matériaux utilisés sont des matériaux à faible coût comme l'acier, l'aluminium ou les nouvelles matières plastiques.
C'est avec Raymond Loewy, un français expatrié aux USA après la 1ère Guerre Mondiale, que naît le métier de designer industriel. Fasciné par la pleine expansion des modes de production américains, il s'étonne toutefois de la laideur des produits manufacturés en série. Le but des constructeurs se limite à « ce que ça marche ». Mais c'est sans compter sur l'ingéniosité de Loewy qui réalisera un coup magistral. Il arrivera à améliorer l'esthétique générale des machines, la perfectionnant et réduisant en même temps tous les coûts de production. Dans son livre, la laideur se vend mal, il théorisera son idée avec des exemples concrets aussi divers que variés tels que les paquets de cigarettes Lucky Strike ou la glacière électrique.
Les années 40 marque l’avènement de la production mécanisée, permettant de faire évoluer de façon incroyable les conditions de vie de l’homme moderne. En résultat, la suprématie de la société industrielle domine l’ensemble de l’humanité. C’est en partie, à cause de la Seconde Guerre mondiale, qui marque un tournant décisif dans l’histoire des Hommes.
En effet, elle n’aura épargné aucune partie du monde, de manière directe ou indirecte. Son achèvement en fera découler des implications à échelle planétaire. En effet, en février 1945, s’organise la conférence de Yalta. Le monde se trouve tiraillé entre deux géant porteurs d’idéologies antagonistes et ce, pour une très longue période : les USA versus l'URSS.
La période des traditions et de l'artisanat touche à sa fin car c'est deux hégémonies vont avoir une forte influence sur la conception européenne.
En Europe, à la même époque, 1929-1954, l'Union des Artistes Modernes rassemble des artistes, des designers et des architectes qui expérimentent les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux afin de promouvoir les formes nouvelles de la modernité.
Van de Velde, Gropius, Mies Van Der Rohe, Le Corbusier ou encore Perriand sont, à titre non exhaustif, les grands noms de ce mouvement.
Mies van der Rohe, architecte prônera la pensée de Loos et le crime de l'ornement, avec son célèbre « less is more » - ne garder que l'essentiel. Il aura aussi été, de 1930 à 1933, un directeur de l'école du Bauhaus.
Le Corbusier sera aussi influencé par les théories d'Eugène Viollet-le-Duc, et travaillera pour Peter Behrens, le directeur des usines AEG. Il suivra le purisme proféré par De Stijl car « là où naît l'ordre, naît le bien-être ». Le Corbusier oeuvra surtout pour le design et l'urbanisme, et développera la théorie des « objets-membres humains », c'est-à-dire, la création d‘objets à une fonction défini.
Il sera très célèbre pour ses architectures qui représenteront la rationalisation des espaces habitables, notamment la Villa Savoye : structure sur pilotis, toit-terrasse, plan libre – Les planchers sont supportés par de fins poteaux disposés sur une trame. Ainsi les façades sont libérées de la fonction structurelle, appelée « façade libre ». Elles ne sont plus chargées de porter le bâtiment.
L'organisation intérieure poursuit l'idée : les divisions de l'espace ne sont pas soumises aux impératifs de structure du bâtiment mais deviennent purement fonctionnels. Les ouvertures ainsi que les parties pleines sont implantées librement et organisent la façade. L'aménagement de la villa a été pensé de manière à faciliter la vie en son sein en réduisant les cloisons. Certains éléments du bâtiment sont incorporés à l'ensemble comme la terrasse qui est une sorte de cour intérieure, ou encore le garde-corps de l'escalier. Mais surtout, les rangements ont été pensés lors de l'élaboration du plan de telle manière que tous les placards sont intégrés aux pièces.
La question de l’« habitat minimum » est une préoccupation majeure des architectes et designers à partir de l’entre-deux guerres, et de façon plus exigeante encore après 1945, quand s’ouvre la période de la reconstruction. Il s’agit, dans des espaces restreints, de fournir aux individus les conditions de vie les plus dignes et confortables possibles.
Les impératifs modernes du fonctionnalisme et du rationalisme s'imposent également dans les pays scandinaves. De 1935 à 1957, se développe le modernisme humaniste :il apparaît très nettement, dans le choix des formes et des matériaux, une vision singulière de l'objet et de sa place dans l'environnement humain.
En Finlande, Alvar Aalto est la figure du proue du design scandinave. Loin de lui la fascination pour l'esthétique de la machine, comme pour le Streamline et trouvant l'usage du fer et du verre trop froid, il se concentre sur la mise en œuvre du lamellé-collé. Il arrive à obtenir les mêmes qualités de solidité, de souplesse et de plasticité que celle offertes par le métal.
Crée en 1931 pour équiper le sanatorium de Paimio, le fauteuil Paimio a rendu Alvar Aalto célèbre dans le monde entier en tant qu’architecte et designer, et illustre bien cette pratique.
Il s'opère alors un retour à la courbe, avec des formes plus organiques et anthropomorphes, à la recherche du confort.Le modernisme scandinave, tout en s’ouvrant à la modernité technique et en se mettant au service d’une évolution fonctionnaliste et démocratique du design, replace donc les objets dans un double lien, à la nature et à l’homme, qu’il veut plus proche et plus harmonieux.
Au lendemain de la 2de Guerre Mondiale, les pays industrialisées connaissent une période de forte croissance économique. C'est le nouvel avènement de la consommation et de la société d'abondance, jusqu'en 1966. On y voit l'apparition de produits bons marchés, où les besoins se transforment en désir. La production industrielle et la société de consommation imposent la standardisation de l’objet ainsi qu’une certaine esthétique. C'est à cette époque que se développe une icône du quotidien qui perdurera longtemps dans les ménage, les fameux Tupperware.
L'exposition A l'école de l'Amérique : l'art de vivre au quotidien présentée à Tokyo en 1948 présente l'image d'une American way of life idéale. Cette vision s'emparera également de l'Europe occidentale d'après-guerre car c’est bien aussi à travers le design que se donne à voir et que s’exporte cet idéal singulier, et que surtout, se joue la rivalité entre les deux grands modèles rivaux : le capitalisme et le communisme.
Le style de design promu est un modernisme aux formes douces, marqué par l'exemple scandinave : l'assouplissement organique et l'économie de matériaux. La maîtrise des techniques de moulage de résine sont renforcés par la fibre de verre ou le contreplaqué moulé. Ce mouvement promeut un design moderne aux formes douces qui combine le progrès technologique et le confort, correspondant à l'idéal de vie de la société américaine.
J'en profite pour vous présenter ma chaise préférée : le fauteuil RAR du couple américain Eames. Edité en 1950, la coque rappellent les lignes organiques . Elle est construite à partir de la technique de moulage/pliage, en résine de polyester renforcé de fibre de verre alors que cette matière fut d'abord utilisé pour les radars d'avion.
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Sources :
- S. Vial, court traité du design
- S. Vial, Le design, que sais-je
- https://www.voltex.fr/eames-fauteuil-rar-8541.html
- Dictionnaire des mobiliers et des objects d'art, du Moyen Age au XXIème siècle, Aurélia et Anne Lovreglio, éditions Le Robert
- mes cours de licence
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