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Photo du rédacteurMarion Massot

Culture Design - Il est temps de casser des chaises, épisode #10





A écouter tous les vendredi sur :

- l'application Podcast Addict





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Retranscription en texte :


"Dans le dernier podcast, je parlais des publicités de voiture qui mettaient en avant l'aspect émotionnel ressenti plutôt que de se positionner sur les performances techniques uniquement. De ce fait, on va parler du design émotionnel. Pour aujourd'hui, je me suis essentiellement concentrée sur le livre de Donald Norman, Design émotionnel – Pourquoi aimons-nous (ou détestons-nous) les objets qui nous entourent ?".


Donald Norman est un célèbre chercheur en psychologie et sciences cognitives qui a travaillé sur la mémoire, l'attention, le traitement de l'information et l'importance du rôle de rôle de l'affect dans la dynamique de l'activité vécue.


Les êtres humains sont des êtres rationnels mais aussi des êtres sensibles, qui ressentent des émotions.

Qu'est-ce qu'une émotion ? Une émotion est une réaction du corps suite à une stimulation, issue d'une situation. C'est un mouvement qui sort – E comme extérieur et motion, le mouvement. Une émotion ne dure que quelques minutes et se divise sur 3 temps : tout d'abord, la perception du stimulus par l'un de nos 5 sens qui sera interprété par l'amygdale (petit élément du cerveau qui décode les émotions). C'est elle qui va déclencher les hormones en réponse à l'émotion. De là, l'émotion sert de guide au corps pour savoir quoi faire : agir ou fuir. Enfin, vient la décharge, c'est-à-dire la phase d'expression qui permet au cerveau et au corps à revenir à son équilibre de base. Par exemple, les tremblements et les pleurs expulsent la peur du corps, les cris expulsent la colère. Les émotions sont au nombre de 6 : la peur (qui peut évoluer en terreur), la colère (qui peut évoluer en rage), la tristesse, le dégoût, la joie et l'amour.


C'est ce qui différencie les émotions des sentiments ? Le sentiment est une construction de sensations et d'émotions. Par exemple, le sentiment de culpabilité est un mélange de peur et de colère retournée contre soi. Par ailleurs, les sentiments s'installent de manière plus durable sur les émotions qui ne durent que quelques minutes, voir même que les sentiments peuvent s'ancrer dans les pensées.


Bref, vous l'avez peut-être remarqué depuis quelques épisodes ou dans votre vie tout simplement, que notre cerveau est une machine avec de nombreux rouages plus ou moins compliqués. J'en ai déjà parlé dans l'épisode 8 sur l'interaction, que notre cerveau est constitué de 3 niveaux de réactions qui sont interconnectés :

- premièrement, le niveau viscéral : c'est cette partie du cerveau qui va réagir aux apparences de façon immédiate et biologiquement déterminée. C'est notre partie « animale ». C'est ce niveau qui permet d'effectuer un jugement rapide si l'environnement ou ce qui s'y trouve est mauvais ou bon pour nous, dangereux ou pas, plaisant ou déplaisant. C'est l'effet dit « waouw » : la toute première impression qui nous habite et qui est déjà émotionnellel.

- deuxièmement, le niveau comportemental : c'est cette partie du cerveau qui évalue ce que nous faisons. Est-ce fonctionnel et efficace ? Compréhensible ? Simple à utiliser ? Quelles sensations cela procure-t'il ? Ces estimations s'opèrent à un niveau souvent non-conscient, constituées à partir d'habitude qui se sont installées grâce à l'expérience. Ces réactions comportementales à l'usage ne laissent pas indifférent mais génèrent des mouvements affectifs (plaisir, sentiment de contrôle, frustration...) et ces émotions impactent les processus cognitifs et l'activité de l'usage.

- dernièrement, le niveau réflexif : c'est la partie du cerveau qui intellectualise les informations perçues. C'est le niveau de conscience qui supervise le passé et l'avenir et qui dépend largement de l'éducation et de la culture acquises par l'individu.


Ce que l'on ne voit pas, c'est le fort lien émotionnel et affectif qui intervient dans la façon dont les produits sont conçus et soumis au jugement du public. En effet, plus que le caractère pratique, c'est l'aspect émotionnel et affectif de la conception qui participe au succès d'un produit ou d'un service. L'utilité et la rentabilité sont des données importantes mais sans le plaisir, la joie, l'excitation ou encore l'inquiétude, la colère, la crainte, nos vies ne seraient pas complètes lorsque que l'on interagit avec l'environnement. L'esthétique affecte l'aspect pratique des choses car les émotions changent la manière dont l'esprit humain résout ses problèmes.


La science a démontré que les animaux les plus avancés selon l'échelle de l'évolution sont ceux qui sont aussi les plus émotifs – en comparaison à ceux que l'on considérera comme plus primitifs, l'être humain étant le plus émotif de tous.


Or, il est nécessaire de faire la différence entre un besoin et un souhait. Le besoin est ce qui est vraiment nécessaire aux activités d'une personne. Le souhait, est ce qui lui semble nécessaire. Le besoin est déterminé par la tâche. Par exemple, un attaché-case sert à transporter des documents. Un sac à dos ou un pochon en toile suffiraient pour transporter des documents mais certains peuvent trouver cela embarrassant d'apporter ce genre d'objets dans une importante réunion d'affaires. L'embarras voir la honte, mélange de tristesse et de colère, sont des émotions qui reflètent le sens des convenances, c'est-à-dire une construction ancrées dans la tête Le souhait c'est donc un produit de la culture, de la publicité et de l'image que chacun cherche à donner .


Le souhait est l'élément le plus déterminant, il se place avant les besoins pour réussir un produit ou service.

Satisfaire les vrais besoins des gens en tenant compte des variables culturelles, des groupes sociaux, des tranches d'âges et des réglementation nationales , c'est déjà un exercice compliqué. Et si l'on rajoute la satisfaction de tous les souhaits, comme les caprices, les avis personnels, les obsessions des utilisateurs, voilà le challenge énorme qui attend chaque designer. L'enjeu véritable se trouve dans la bonne formulation des interrogations car la solution n'est pas connue et ne peut donc se trouver dans la question. Dès lors, il est préférable de se demander « Pourquoi et comment traverser la rivière ? » plutôt que de dire « Comment dessiner un pont ? ».


Le deuxième élément qui importe dans le déroulement des interactions et qui reste lié aux émotions, ce sont les souvenirs, c'est-à-dire les associations émotives liées au passé que les gens établissent avec leurs objets et ce que ces souvenirs évoquent pour eux. La conception du produit ou du service crée une connexion émotionnelle.


Les souvenirs sont reflet de nos expériences de la vie : ils sont là pour nous rappeler la famille, les amis, nos réalisations. Ils nous aident à savoir comment on se perçoit soi-même. Peu importe ce que les gens diront, notre image de nous-même joue un rôle très important dans nos vies – même pour ceux qui disent se moquer du regard des autres, car rien que par le fait de veiller à montrer aux autres qu'ils sont indifférents, ils donnent du crédit à autrui.


Notre attitude, les habits que l'on porte, les objets matériels que nous possédons, les bijoux et montres, voitures et maisons sont des éléments qui permettent d'exprimer notre individualité de manière publique.

Chaque expérience que l'on vit implique les 3 niveaux de cerveau : le viscéral pour l'aspect extérieur, le comportemental pour le plaisir et l'efficacité et enfin, le réflexif pour la rationalisation et l'intellectualisation. Sans émotions, nous ne serions pas en mesure de prendre les décisions les plus élémentaires.


Les produits et services sont bien plus que la somme de leur fonction. En interprétant de façon instinctive son environnement, l'être humain projette ses émotions et ses croyances dans l'élément analysé. Si le résultat est positif, il se produira un attachement émotionnel, si le résultat est négatif, il apportera une irritation et un énervement.


Les mondes virtuels de l'informatique ont boulversé cette connaissance du monde à travers la virtualisation d'idées et de concepts, qui sont présents mais détachés du monde physique. Ce sont les objets physiques qui nous rattachent au monde et procurent des sensations qui s'expriment en émotion. L'interaction avec les objets du quotidien reflète les trois niveau du cerveau que le design doit prendre en compte et qui servent d'interface avec le monde.


Le véritable défi que rencontre le design est de comprendre les besoins non satisfaits et non dits de l'utilisateur. Le design émotionnel c'est donc l'expérience passerelle pour la réussite du produit ou du service. La force de cette discipline réside dans sa capacité à se mettre en empathie pour identifier les points de contact, lesquels sont autant d’interactions entre l’utilisateur et le concepteur. Il s’agit de créer un ensemble ordonné, cohérent et harmonieux pour déboucher sur une expérience globale réussie.


Si le sujet vous intéresse, je vous invite vraiment à lire l'ouvrage de Donald Norman, Design émotionnel – Pourquoi aimons-nous (ou détestons-nous les objets qui nous entourent ? » qui est une véritable mine d'or d'informations pour tout métier et la vie de tous les jours.


Vous retrouverez toutes les sources concernant le podcast sur mon site internet massotmarion.wixsite.com/websitedans la rubrique blog puis Podcast.


Vous pouvez vous abonnez à ce podcast sur les plateformes Deezer, Spotify, iTunes Podcast, Youtube ou Podcast Addict.


N'hésitez pas à le partager avec votre entourage ou à me laissez votre avis. Je me ferais un plaisir de le lire lors d'un prochain podcast !


Merci de m'avoir écouté ! A la semaine prochaine !"


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Sources :

- https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/les-problemes-vicieux-1018661?fbclid=IwAR3FASGHHppDK7KlgPitZUfVuVVRNXKYQFp8ic1KV7NSmAi_JgDkrPyhxbY


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Vous pouvez me soutenir sur la plateforme de financement participatif Tipeee : https://fr.tipeee.com/culture-design


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